Nous nous proposons de présenter un exemple d'exploitation des corpus existants d'écrits académiques à des fins didactiques en confrontant leurs caractéristiques linguistiques au corpus d'apprenants (ou « d'interlangue ») de FLE nouvellement constitué. L'objectif de notre démarche est d'effectuer un diagnostic de compétences en littéracie universitaire d'étudiants allophones afin de proposer des pistes didactiques ciblées, en suivant la démarche de Français sur Objectifs Universitaires (Mangiante et Parpette, 2011). Nous nous focaliserons dans cette communication sur quelques propriétés syntaxiques propres au genre d'écrits académiques.
Après une présentation des caractéristiques et du protocole méthodologique (métadonnées, annotations, etc.) du corpus d'apprenants de FLE récemment mis en place, nous présenterons des résultats d'analyses permettant d'identifier des difficultés et de définir des besoins spécifiques des apprenants dans le domaine de la littéracie universitaire. Pour cela, nous avons choisi de faire une première étude sur un sous-corpus de travaux d'étudiants allophones de Master 1 et 2 (sciences humaines, env. 240.000 mots) et de faire appel aux corpus de contrôle suivants :
- le corpus d'experts « Scientext », comme référence de caractéristiques linguistiques d'écrits académiques,
- et le corpus d'étudiants francophones « Littéracie avancée », comme référence pour une comparaison des compétences en littéracie universitaire entre des scripteurs novices natifs et non-natifs, de niveau d'étude équivalent.
Nous présenterons ainsi des premiers résultats quantitatifs et qualitatifs de la maîtrise de certaines particularités syntaxiques des écrits universitaires et proposerons des pistes didactiques dans une perspective du FOU, visant une meilleure appropriation des particularités des écrits académiques (Cavalla, 2019) et notamment des spécificités de l'argumentation propre à ce genre d'écrit. Nous avons pu relever, par exemple, que les constructions verbales impersonnelles, de type : il apparaît nécessaire, il est à noter que, etc., particulièrement présentes dans les écrits académiques des spécialistes et servant à véhiculer les différentes stratégies discursives propres à ce genre d'écrit (Yan, 2017, Yan et al., 2018) sont largement sous-employées dans les travaux d'étudiants allophones. Il en est de même des constructions verbales passives de type peut être considéré comme, pourrait être lié à, par exemple.
Cavalla, C. (2019). Une méthodologie sur corpus pour l'écriture en FOU. Points Communs, 47, 91-108. https://www.lefrancaisdesaffaires.fr/professeurs/ressources/points-communs/
De Cock, S., & Tyne, H. (2014). Corpus d'apprenants et acquisition des langues. Recherches en didactique des langues et des cultures, 11-1, 137-168. https://doi.org/10.4000/rdlc.1716
Granger, S., Gilquin, G., & Meunier, F. (Eds.) (2015). The Cambridge Handbook of Learner Corpus Research. Cambridge University Press.
Mangiante, J.-M. & Parpette, C. (2011). Le français sur objectif universitaire. Grenoble : Presses universitaires de Grenoble.
Yan, R., Tutin, A., & Tran, T.T.H. (2018). Routines verbales pour le français langue étrangère : des corpus d'experts aux corpus d'apprenants. Lidil 58. http://journals.openedition.org/lidil/5411
- Poster