Participantes > Noyes--Rocache Morgane

Le travail documentaire de l'enseignant.e est la face cachée du métier. Dans les représentations communes, le travail préalable aux enseignements n'est pas pris en compte, alors qu'il a une très grande importance pour la mise en place des enseignements et la réussite des apprentissages des élèves. Selon Reverdy (2014), le travail documentaire consiste à créer et à modifier des ressources suite à la mise en œuvre de séances en classe dans le but de les améliorer pour une utilisation ultérieure. Mes travaux de recherche portent sur le travail documentaire des enseignant.e.s du premier degré pour la préparation des séances de langues vivantes étrangères et du français, enseignant.e.s débutant.e.s (moins de 5 ans d'ancienneté), enseignant.e.s expérimenté.e.s et enseignant.e.s expert.e.s (professeur.e.s des écoles maîtres formateurs). Le protocole mis en place est composé d'un questionnaire en ligne, rassemblant à ce jour 450 réponses, ainsi que de quatre entretiens faisant appel à la méthodologie de l'instruction au sosie, inspirés des travaux réalisés en 2008 par Ghislaine Gueudet et Luc Trouche. Ce protocole vise à analyser la nature des ressources numériques consultées par les enseignant.e.s du premier degré, ainsi que leurs interactions avec les communautés de pratiques en ligne. Il a pour objectif de mettre en évidence les habitudes numériques des enseignant.e.s lors de l'élaboration de leurs documents de préparation de classe.

Afin d'en connaître davantage sur les habitudes numériques des enseignant.e.s, intéressons-nous aux résultats de l'étude de Sylvie Gervais (2011) qui tendent à démontrer que les ressources les plus utilisées par les enseignant.e.s du premier degré sont les ressources données par leurs collègues, qui sont déjà disponibles et accessibles, ainsi que les ressources numériques disponibles sur des sites internet (éditeur, libraires, etc.). De plus, l'analyse des premiers résultats du protocole mis en place, tend à indiquer qu'en français, 55 % des professeur.e.s des écoles interrogé.e.s ont recours au numérique, dont uniquement 13 % ont recours aux communautés de pratiques en ligne, ou aux collègues de leur école, contre 87 %, qui déclarent avoir recours aux sites internet (sites institutionnels et blogs d'enseignant.e.s). Au vu de ces premiers résultats, il semblerait que les professeur.e.s des écoles aient davantage recours aux sites internet pour l'enseignement du français que pour l'enseignement des langues étrangères. Enfin, nous pourrions penser que l'apport de la formation initiale favorise l'intégration des ressources numériques par les professeur.e.s des écoles débutant.e.s, mais il semblerait que 63 % des professeur.e.s des écoles expérimenté.e.s et experts ont recours au numérique, contre uniquement 47 % des enseignant.e.sdébutant.e.s.

Nous conclurons, en nous appuyant sur l'article de Mohammed Mastafi (2015), sur les cas de non-usage des outils numériques afin de mettre en évidence les freins à l'usage du numérique par les enseignant.e.s du premier degré. Grâce à cette étude, ainsi qu'avec les résultats obtenus, nous pouvons nous questionner sur l'apport de la formation initiale concernant l'usage des ressources numériques.

Gervais, S. (2011). Accès aux ressources numériques et leur utilisation par les enseignants : Résultats d'un sondage. 

Documentation et bibliothèques, 57 (3), 133–152.

Gueudet, G et Trouche, L. (2008). Du travail documentaire des enseignants : genèses, collectifs, communautés. Education

et didactique, vol 2, n°3, 371 pages.

Mastafi, M. (2015). Intégrer les TIC dans l'enseignement : Quelles compétences pour les enseignants ? Formation et

profession : revue scientifique internationale en éducation, CRIFPE, n°23.

Reverdy, C. (2014). Du programme vers la classe : des ressources pour enseigner. Dossier de veille de l'IFÉ, n°96.