Liste des intervenants > Rojas Minerva

Annotation et analyse de la fluidité énonciative. Constitution d'un corpus oral en français L1 et L2.
Minerva Rojas  1@  
1 : Centre Interdisciplinaire de Recherches sur les Langues et la Pensée - EA 4299
Université de Reims Champagne-Ardenne : EA3794

Le concept de fluidité peut parfois se chevaucher avec celui de compétence linguistique au sens large. Dans le domaine de la psycholinguistique, l'étude de la fluidité se focalise sur l'analyse des variables temporelles, qui sont observables et mesurables quantitativement. La pertinence de leur analyse réside dans le fait qu'elles fourniraient des indices sur le fonctionnement des mécanismes cognitifs sous-jacents de planification, de formulation et d'articulation de la parole, donc sur l'état de la fluidité cognitive (Segalowitz, 2010). 

Ces mesures de fluidité peuvent être catégorisées en mesures négatives et en mesures positives (Osborne et Rutigliano, 2007). Concernant les mesures négatives, dont un excès pourrait montrer des faiblesses dans l'automatisation de la production orale, on peut mentionner la durée moyenne des pauses, la fréquence des pauses et des hésitations et la fréquence des reprises et des marqueurs discursifs. Quant aux mesures positives, on peut distinguer celles qui relèvent de la vitesse de parole, telles que le nombre de mots par minute et le taux de phonation, et celles en relation avec la longueur de la production telles que la longueur moyenne des segments et la longueur moyenne des énoncés (Hilton, 2009). La transcription et l'annotation détaillées des corpus permet donc d'analyser ces variables. 

Nous intéressant au développement de la fluidité énonciative en français L2, nous avons constitué un corpus oral qui recueil la production monologique et dialogique de 26 locuteurs dont 14 locuteurs francophones et 12 locuteurs non francophones apprenant le français en immersion à l'Université Savoie Mont Blanc (2015-2018). Ainsi le sous-corpus d'apprenants constitue la base pour l'étude longitudinale de la fluidité et le sous-corpus des natifs permet d'effectuer une analyse contrastive entre le français L1 et L2. La transcription, l'annotation et la création du corpus ainsi que son analyse ont été possibles grâce aux logiciels EXMARaLDA (Schmidt, 2004) et CLAN (MacWhinney, 2000) et leur compatibilité en ce qui concerne les normes de transcription et la conversion de formats des transcriptions.

 

Dans notre communication, nous présenterons la méthodologie d'annotation et d'analyse de la fluidité ainsi que des résultats de notre recherche. Ces résultats montrent que la fluidité s'améliore chez les apprenants et se rapproche des valeurs des natifs, pourtant il existe des variables qui continuent de distinguer significativement les locuteurs natifs des apprenants, montrant également des profils de fluidité différents tant en L1 qu'en L2.

Hilton, H. (2009). Annotation and Analyses of Temporal Aspects of Spoken Fluency. CALICO Journal, 26(3), 644-661.

MacWhinney, B. (2000). The CHILDES Project: Tools for Analyzing Talk. (3e éd.). Mahwah, NJ: Lawrence Erlbaum Associates. 

Osborne, J. et Rutigliano, S. (2007). Constitution d'un corpus multilingue d'apprenants d'une L2. Dans H. Hilton (dir.), Acquisition et didactique I. Actes de l'atelier didactique, AFLS 2005 (pp.141-156)Chambéry : Université de Savoie. 

Schmidt, T. (2004). Transcribing and annotating spoken language with EXMARaLDA. Proceedings of the LREC-Workshop on XML based richly annotated corpora, Lisbon 2004. https://www.exmaralda.org/files/Paper_LREC.pdf

Segalowitz, N. (2010). Cognitive bases of second language fluency. New York: Routledge.



  • Poster
Personnes connectées : 1 Vie privée
Chargement...